Une femme libre, généreuse et engagée.
C’est en toute simplicité et avec beaucoup d’authenticité que Clea, alias Claire Chapoutot, a accepté de répondre à cette interview.
Découvrez qui se cache derrière cleacuisine.fr, l’un des blogs culinaires incontournables, classé 10ème blog francophone le plus consulté.
« Je trouve important d’apporter des solutions concrètes qui permettent à chacun d’agir, de changer et d’avoir un impact positif »
Peux-tu te présenter ? Quel est ton style de vie ?
Je suis née en Savoie. C’est une région que j’apprécie particulièrement. Je vis en moyenne montagne près de Grenoble. Mon style de vie s’articule beaucoup autour de la nature ; faire du yoga, aller marcher, jardiner. Cuisiner et profiter de ce qu’ont à offrir les nombreux producteurs locaux de ma région m’apporte beaucoup de joie.
Où fais-tu tes courses ?
Je fais mes courses en magasin bio pour tous les ingrédients un peu spécialisés, puis je complète chez les producteurs locaux pour les fruits, légumes, œufs, farines et produits laitiers. J’ai la chance d’avoir un petit jardin où je récolte quelques légumes. Et j’aime beaucoup les cueillettes sauvages pour glaner selon la saison orties, fougères ou ail des ours.
Comment t’est venue l’idée de créer un blog ?
En 2004, je suis partie vivre au Japon où j’enseignais le Français et l’anglais pendant 2 ans. Je n’avais pas emporté mes livres de recettes et j’étais un peu désoeuvrée pour cuisiner. A l’époque il y avait très peu de blogs de cuisine, seulement quelques forums comme Marmiton.
Initialement, créer mon blog m’intéressait en tant qu’objet sociologique pour voir comment les personnes partagent les recettes et se les approprient. J’avais envie de découvrir ce que ça pouvait donner, d’être en lien avec des personnes de tous horizons et cela a attisé ma curiosité. Je voulais faire une sorte d’observation participante et j’ai fini par me prendre au jeu. Puis je suis rentrée en France et j’ai trouvé un poste à l’université de Grenoble comme ingénieur d’études. Mais ma vraie passion, je la vivais à côté avec mon blog.
Comment ton entourage a-t-il réagi lorsque tu as démarré ton blog ?
Quand j’ai débuté mon blog je faisais partie des 5 premiers blogs en français sur la cuisine. A l’époque beaucoup de gens ignoraient ce qu’était un blog. Donc au départ cela a plutôt amusé mon entourage et m’amusait beaucoup aussi. Mon compagnon a eu beaucoup de patience. Il faut dire qu’avant chaque repas ou presque je prenais en photo les plats qu’on allait manger et du coup il fallait accepter de manger froid.
Quand je me suis mise à écrire des livres, je suis passée à l’étape supérieure. Quand on écrit un livre de 100 recettes sur le quinoa par exemple, on mange du quinoa à tous les repas pendant 6 mois, ça peut lasser. Avec le succès rencontré grâce au blog, mon entourage est fier de voir ce qu’a pu m’apporter ce tout petit blog des débuts et à quel point cela m’a permis de m’épanouir et de transmettre ce qui me tenait à cœur.
« Il y a encore de la place dans l’univers culinaire pour des personnes qui pourraient avoir une voix réellement intéressante, novatrice et fédératrice. »
Penses-tu que le marché du blogging et des livres de cuisine est saturé ?
Le net regorge de livres numériques et de blogs, et il y a beaucoup de personnes qui publient des recettes et des contenus redondants sans originalité, des parutions sur les sujets « healthy » « green ». Un effet de mode s’est créé autour du bio, du végétarien et du végan.
Tout le monde a sa recette de smoothie vert, de toast à l’avocat ou de frites de patate douce mais selon moi il n’y en a pas besoin. Cela vient « encombrer » internet et empêche l’internaute de s’y retrouver. Après, bien entendu, tout le monde à le droit de créer son blog et de s’exprimer. Mais dans l’ensemble, on trouve maintenant peu de contenus vraiment originaux.
A côté de ça, il y a encore de la place pour des personnes qui pourraient avoir une voix réellement intéressante, novatrice et fédératrice. Des personnes qui ne reprennent pas les posts des autres mais qui innovent, suivent leur voix et ont une vraie originalité.
Sur la trentaine d’ouvrages que tu as écrit, lesquels ont le plus de succès ?
Pour la plupart, mes livres sont réimprimés régulièrement. Etrangement, le livre qui s’est le mieux vendu est le tout premier. Il s’agit du livre Agar-agar, qui est un best-seller dans l’univers de la cuisine et s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires.
Le livre Veggie, qui a déjà 10 ans, a été réimprimé avec une nouvelle couverture modernisée et c’est vraiment génial de constater que ce livre plaît toujours autant après plusieurs années.
« L’idée du livre Coaching Veggie est d’amener les personnes à gagner en autonomie et à s’approprier leur façon de cuisiner »
Quels livres ont été pour toi importants à écrire ?
Coaching Veggie est celui qui m’a le plus tenu à cœur de partager. Ce n’est pas un livre de recettes mais plutôt un guide pratique pour cuisiner végétarien. L’idée de ce livre est d’amener les personnes à gagner en autonomie et à s’approprier leur façon de cuisiner. Plutôt que de donner des recettes uniques, j’ai voulu transmettre des concepts de plats évolutifs, que l’on peut adapter en fonction de ses envies, des ingrédients dont on dispose, de son budget grâce à des indications claires et différents outils pratiques. Ce livre est une méthode pour végétaliser son alimentation, s’organiser pour manger sainement et gagner du temps.
Comment communiques-tu avec tes lecteurs ?
Au départ, j’écrivais et j’échangeais beaucoup par mail ou via le blog. J’avais des correspondances poussées avec certaines de mes lectrices et je répondais du mieux possible à leurs problématiques. Certaines sont mêmes devenues mes amies.
Avec l’apparition des réseaux sociaux, les conversations ont évolué. Selon moi, il y a un effet de consommation d’informations numériques via les réseaux sociaux et les blogs. Les gens prennent moins le temps d’entrer en relation et de découvrir qui est la personne qui se cache derrière les publications, ils restent beaucoup plus anonymes.
J’ai la chance de rencontrer mes lecteurs lors de dédicaces à l’occasion de la sortie des livres. En général ce sont de supers moments qui me permettent de rencontrer vraiment des personnes avec qui j’ai déjà échangé de façon numérique. C’est génial de mettre un visage sur un nom, de discuter avec les gens et de créer une relation sur le long terme. Il y a des personnes qui me suivent depuis 15 ans et quand je publie un billet, j’ai une pensée pour toutes ces personnes.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Depuis mes débuts, je suis très inspirée par le travail de Valérie Cupillard qui est une pionnière et qui a fait un travail énorme dans le milieu de la cuisine bio et végétarienne. Mais mon inspiration vient surtout des cuisiniers et cuisinières du quotidien de mon entourage. J’aime beaucoup goûter les plats réalisés par des proches ou des producteurs qui y apportent leur touche personnelle et y mettent tout leur cœur. C’est une grande source d’inspiration pour moi. Il n’y a pas besoin d’avoir écrit 12 livres pour être créatif et savoir bien cuisiner.
Il n’y a pas besoin d’avoir écrit 12 livres pour être créatif et savoir bien cuisiner.
Quels sont tes projets ?
L’année dernière, j’ai commencé à enregistrer une série de podcasts qui s’appelle Champs d’action avec le soutien des éditions Terre vivante. Ce projet permet de donner la parole aux acteurs de l’écologie. Donc prochainement, je compte lancer la saison 2 et enregistrer de nouvelles interviews qui ont été décalées suites aux évènements particuliers que nous avons traversé.
Quel est ton souhait au travers de ton travail ?
L’objectif pour moi c’est que les gens mangent plus sainement. Etant eco-anxieuse, je trouve important d’apporter des solutions concrètes qui permettent à chacun d’agir, de changer et d’avoir un impact positif.
« Il y a des personnes qui me suivent depuis 15 ans et quand je publie un billet, j’ai une pensée pour toutes ces personnes. »
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et bien entendu sur son blog cleacuisine.fr
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Merci Véronique pour toutes les informations que vous donnez et de cette masse de travail que vous avez produite pour cela. Maintenant il ne me reste qu’à « oser » changer mon mode alimentaire, pour petit à petit « devenir ce que je mange ». A bientôt, M